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Rébus de la presse
25 mai 2005

L'épidemie Marburg en Angola, un "fait social total"

Plus de trois cent personnes ont déjà perdu la vie, dans la région d'Uige, en Angola, à cause de l'épidémie de fièvre hémorragique Marburg.

Jean-Philippe Rémy, envoyé spécial du journal Le Monde, raconte :

"La première équipe de MSF est arrivée en mars dans une "ville fantôme" (Uige) où elle a trouvé un pandémonium, le service de pédiatrie de l'hôpital. "Dans la salle des urgences, il n'y avait plus qu'un survivant, au milieu des morts. Des cadavres avaient été jetés dans la morgue, qui débordait, et dont le système de réfrigération ne fonctionnait pas. Il a fallu tout nettoyer, ce n'était pas facile" , se souvient Luis Encinas (MSF).

"A Uige, la maladie a fondu sur une région dévastée par la guerre. La rébellion contre les colons portugais a commencé ici en 1961. Dès l'indépendance, en 1975, la guerre civile a suivi. Le gouvernement et des troupes rebelles s'y sont disputé la ville lors de combats dont les immeubles portent encore les stigmates, impacts de balles de kalachnikov ou de lance-grenades. Mais Uige est aussi une ville traumatisée où les forces de sécurité, dont une police secrète impitoyable, ont traqué les "infiltrés" rebelles des années durant, suspectant les Bakongos d'éprouver plus de sympathie pour l'ex-Zaïre voisin que pour leur capitale.

"Dans ces conditions, l'irruption simultanée d'une maladie sans rémission et d'étrangers au comportement incompréhensible a créé un mélange détonant. Les médecins et leurs équipes, bottés, masqués, drapés dans de larges blouses et des tabliers de plastique, les "cosmonautes" , qui se sont mis à circuler en ville dans leurs pick-up, ne s'arrêtant que pour emporter des malades et des cadavres que personne ne revoyait plus, ont suscité la méfiance. Quel était le sens de cette nouvelle avanie ?

"Dans l'hôpital "Mata-Burg" (Tue-Burg), quatorze employés angolais ont été tués par la fièvre. Dans les rues, les médecins expatriés ont commencé à être traités d'assassins, la peste des esprits se nourrissant des étrangetés de l'hôpital. Dans les couloirs, on y croise des médecins nord-coréens, badge de Kim Jong-il au revers, qui refusent d'être photographiés et prétendent ne pas parler le portugais. De plus, les grands laboratoires qui travaillent sur la famille des filovirus, responsables des fièvres hémorragiques, comme le personnel du CDC, ont également débarqué en force, "comme des commandos" , note une spécialiste, qui ajoute : "C'est une maladie qui tue très vite, pour laquelle il n'existe aucun traitement connu. Il y a donc de la recherche militaire sur le sujet, notamment aux Etats-Unis. On a vu passer à Uige tout un tas de gens curieux, notamment des spécialistes de la lutte antiterroriste."

"Une épidémie, c'est un fait social total" , conclut l'article.

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